Les Carnets du Dessert de Lune

  • À la (l')Une
  • Les livres
  • Les Auteurs
  • Les Illustrateurs
  • Passer Commande
  • À propos
    • Le Blog
  • À la (l')Une
  • Les livres
  • Les Auteurs
  • Les Illustrateurs
  • Passer Commande
  • À propos
    • Le Blog

Les Carnets
du Dessert de Lune

Un bien bel article à propos de "Faute de preuves"

5/10/2018

 
Photo
Serge PRIOUL : Faute de preuves
(Avant-propos de Jacques Josse,
Editions Les Carnets du Dessert de Lune, 14 €)

De belles voix en poésie sont venues du monde du travail et pourtant il suffit d’ouvrir les anthologies, consulter les catalogues d’éditeurs, pour constater qu’elles sont sous-représentées. Gabriel Cousin, Georges-Louis Godeau, Jules Mougin, pour ne citer qu’eux, ont certes été reconnus au XXème siècle, mais leurs noms n’apparaissent que rarement aujourd’hui. On a donc grande satisfaction à découvrir Faute de preuves, second livre de Serge Prioul, poète « à grosse main de travailleur / Qui fatigue au stylo », fils et petit fils de tailleur de pierres, ouvrier lui-même, que Jacques Josse, dans son avant-propos, présente avec une sobre admiration comme un auteur : « attentif à la présence des êtres et des choses, [qui] avance en collectant des bribes de réalité qu’il met en forme dans ce livre de bord très intuitif et profondément humain. »
Un autoportrait donne le ton en début de recueil : « Tu lis peu / Trop de fatigue / Quelques poèmes auront été toutes tes études / Et puis des pierres / Des pierres / Tu regardes les pierres comme d’autres hommes / Sous les parois des cavernes / Tenant la lampe // Des poètes ». Du tumulte intérieur à la rage existentielle contenue, l’auteur décline l’insignifiance d’un quotidien terne et disparate, qu’éclairent ici la beauté des femmes entrevues ou aimées, là le souvenir des mots d’enfance, ou encore les amitiés fraternelles. Si Serge Prioul tourne le dos à l’illusion lyrique, sa parole est profondément sensible : « Un cri pour s’extraire / Un cri de tremblement de terre / Eveiller ce qui ne veut que vivre […] Ferveur / Est le premier mot du grand livre d’existence ». Il rend hommage à son père, bâtisseur de ponts : « Tu es le rêveur de lumière / La brise dans l’ombrage / Et rien ne changera du feuillage / Que le dessin du vent ». Il évoque la condition ouvrière avec pudeur mais sans édulcorer la peine et l’angoisse de ceux parmi lesquels il est à la fois acteur et témoin : « Et l’ouvrier pense qu’il va falloir lundi se lever tôt / Alors l’endormissement du dimanche soir / Est toujours plus pénible // L’ouvrier y tient éveillée sa peur du lendemain / Et cette peur-là / L’ouvrier // Te submerge ». Le devoir du poète est de nommer les choses pour ne pas les perdre, « De tristesse / Faute de preuves ». L’écriture est un combat de plus, un antidote à l’épuisement physique : « Le stylo tient à tes mains de tailleur de pierres / Des mots arrivent comme tu amorces la pompe / […] Mots que tu épuises et qui te soufflent la suite / […] Ce que tu écris s’éclaire / loin de la confusion des étoiles ». Si écrire est vital, ce n’est donc pas hors du monde, de la violence et des monstruosités côtoyées ou surmédiatisées : « Parce que t’as droit / Et qu’un poème ça t’égorge / Ca t’égorge la langue / Un poème ». Les choses vues provoquent étonnement ou désenchantement, le poète au passage accueille, sans boussole, les hasards objectifs : « le chemin seulement ne sait pas / Où nous allons ».
L’ombre de Guillevic plane dans le recueil de ce poète qui vit en Bretagne. De son aîné, Serge Prioul a retenu la modestie de l’artisan poète et l’aspiration exigeante des mots à tâtons pour capter l’insaisissable justesse : « Change ce mot / Dis-tu / Puis souvent / Tu ajoutes / Je ne suis pas poète // Moi non plus / Je sais seulement / Qu’il ne faut pas / Rater les bonheurs / De passage ».
 © Michel MÉNACHÉ in Phoenix
Pour découvrir ce livre, cliquez sur Faute de preuves

La section commentaire est fermée.

    Réponse à manuscrits

    (Le Blog)


    Les Nouveautés

    Pour 20€ annuels, recevez 20% sur tout le catalogue !
    Catalogue 2020
    Pour 20€ annuels, recevez 20% sur tout le catalogue !
Ami lecteur, c'est par ici
Ami libraire, toi c'est par là
Encenser l'éditeur
Engueuler le webmaster
Manuscrits