Les Carnets du Dessert de Lune

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Les Carnets
du Dessert de Lune

Deux notes de lecture pour "Faute de preuves"

17/1/2018

 
Je suis longtemps allé sans me voir. Le premier vers de Fautes de preuves donne le ton. Aller sans se voir et écrire. Revenir aux mots d’enfants peut-être. Ou mieux, revenir à l’essentiel, aux petits bonheurs quotidiens, au partage. Pour Serge Prioul, il s’agit d’écrire, de laisser les mots faire leur travail et ainsi peut-être élucider quelques questionnements. En exergue, Richard Brautigan et Michel Bourçon et une influence certaine de ces deux-là.
Un jour arrive
Où tu écris
Par curiosité 
Juste pour savoir
Où va te porter l’écriture
L’écriture est simple, elle va à l’essentiel et emporte le lecteur. Serge Prioul vit près de Rennes et le livre est coloré de cette région ainsi que de sa langue avec l’emploi de mots gallos. Et dans son bout de pays, Serge Prioul écrit partout et sur tout : dans la voiture, sur un banc, au café, devant l’église, chez le poissonnier, à la clinique… Écriture de mémoire autant que du quotidien.
Tu penses aussi à la fin de semaine
Un peu de repos
L’apéro
Et demain bosser encore 
Mais surtout beaucoup d’humanité. Des poèmes pour les gens de la rues, les enfants morts de faim et des allusions à notre monde d’aujourd’hui appauvri par les conflits. Ainsi Serge Prioul est témoin de son temps, et il ne se le cache pas, comme il l’écrit ci-après.
Et comme dit un poète
Il faut nommer les choses
Pour ne pas qu’elles se perdent
De tristesse
Faute de preuves.
Serge Prioul, s’il écrit avec une conscience du monde au sens large, écrit d’où il est et sur ce qui nous entoure. Ce livre est ponctué de rencontres, de l’observation des gens autour de soi. Tu écris / quelqu’un te regarde / puis sort avec son café. [...] La page n’est jamais blanche / Puisqu’il y a toujours ces gens qu’on y croise. Chaque personne est matière à écrire pour le poète, sensible à chacun, aux situations, à la vie qui va là. C’est un livre de vie où chacun est bien vivant, ou Serge Prioul est bien vivant. C’est la vie. Toute la vie autour et la sienne. De l’enfance à l’âge mûr où une petite fille glisse un peu sur (s)es jambes.
De cette poésie se dégage un certain bien-être et le bonheur de vivre, le plaisir de la rencontre et de l’écriture. Lecture très agréable.
Quelqu’un t’a dit dans les petits trucs qu’on écrit
Souvent ils sont là les beaux textes à venir
Tu commandes
Thé vanille tiens 
Avec ta veste de coureur des bois
Tu ne ressembles pas au buveur de tisanes
Grignoteur de gâteaux secs anglais bios
Le stylo tient à tes mains de tailleur de pierre
Des mots arrivent comme tu amorces la pompe
Arrêter au milieu du beau mot rivière
Puisque tu es dedans vite nager vers l’autre rive
Mots que tu épuises mais qui te soufflent la suite
Que serais-tu sans ces rencontres qui te jalonnent 
L’important est de ne jamais fermer le bloc
De laisser à la chandelle la page offerte
Ce que tu écris s’éclaire
Loin de la confusion des étoiles
Quelqu’un t’a dit
© Cécile Guivarch in Terre à Ciels, janvier 2018
 
Un nouveau venu, qui n’a sorti qu’un recueil en 2014. Et surtout une nouvelle voix, un nouveau timbre. Serge Prioul s’est mis tard à la poésie : Un jour arrive / Où tu écris / Par curiosité / Juste pour savoir / Où va te porter l’écriture… L’expérience de vie est là, dans le sac rebondi de la mémoire, et les lignes s’enchaînent toutes seules. Tu as des choses à dire / Qui ne sont pas dans l’abstrait… On n’est pas dans une écriture intellectuelle en effet où les mots jouent entre eux dans le circuit mental. On se rapprocherait finalement de la poésie du quotidien où les anecdotes, les constats, les regards engendrent les poèmes d’une façon naturelle comme s’ils étaient leur aboutissement logique, ainsi cette fin de page : Et de me voir écrire / Un passant s’étonne / Qui devient l’homme du moment / De ma ligne / Et de mon propre étonnement La vie qui génère les mots est faite de travail, celui des parents, celui de l’ouvrier qu’il côtoie et qu’il est lui-même. De l’ambiance des cafés qu’il fréquente à Rennes. Il suffit de s’installer à la table, de regarder autour de soi et d’écrire. On pousse l’hiver / Au bout des hommes Il y a souvent des phrases entendues ici et là, des paroles de chanson ou des citations de poème qui traînent. Et l’auteur moins philosophe que pragmatique, d’achever son recueil : Moi non plus / Je sais seulement / Qu’il ne faut pas / Rater les bonheurs / De passage
© Jacques Morin (à paraître dans la revue Décharge)


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