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Patrie, fratrie, poésie : un trio de thèmes pour la poète car la « résistance » la contraint, pour notre bonheur, à énoncer le réel sans apprêts, dans une singulière écriture où les père, mère, fils, filles dévident « des voix » sous les pierres, la « terre telle/ une grande femme/ un peu malade/ chancelante », ses « poches/ (qui) se remplissent/de visages vus/ au fil du rêve ». Pas de tiédeur ici ni de sentimentalisme rose, les mots désarticulés rameutent des morts, des mots « fichés dans la tête ». Les bombes qui tuent, la mer noire de leur sang : autant de blessures difficilement curables. L'oeil de Durbec nomme, incise, dénonce, coléreux et aigu. Ailleurs, les conversations de comptoir ou les mots jetés en l'air (l'air de rien) disent bien l'inanité de certains dialogues de sourds. Aucune cruauté là ; seulement un désir rageur de dire un certain malaise de nos vies communes, et difficilement partageable. Une poésie courageuse, engagée, qui peut heurter les consciences tranquilles. © Philippe Leuckx in Les Belles Phrases, février 2021 Sylvie Durbec - Ça, qui me poursuit. Couverture François Ridard. Préface Cécile Guivarch. 80 pages. 14 x 20 cm. Editions Les Carnets du Dessert de Lune. Collection Pleine Lune. Octobre 2020. ISBN 9782390550006. 13 €
![]() Un dernier pour la route. Le conseil d’administration de l’A.E.B est heureux de vous annoncer que Le prix Emma Martin 2020 a été décerné à Daniel Simon pour son recueil de poèmes « Au prochain arrêt je descends » paru en 2019 aux éditions Les Carnets du Dessert de Lune, dans la collection Pleine avec une illustration en couverture signée Pierre Duys et un quatrième de couverture rédigé par Daniel Fano. Pour en savoir plus sur ce titre, l’acquérir ou le demander en librairie, surfez sur : https://www.dessertdelune.be/store/p878/Au_prochain_arr%C3%AAt_je_descends_%2F%2F_Daniel_Simon.html Sur le site Le Nouveau Recueil de Jean-Michel Maulpoix, je vous invite à lire une note de lecture signée Jean-Marc Sourdillon à propos du nouveau recueil d’Olivier Vossot « L’écart qui existe » paru récemment aux éditions Les Carnets du Dessert de Lune et qui clôture 25 années d’éditions avant que celles-ci aillent trouver, dans quelques jours, une nouvelle vie en Normandie à La factorie-Maison Poésie Normandie. Cette note de lecture est à lire sur http://lenouveaurecueil.fr/Vossot.pdf Egalement cette autre note de lecture signée Christophe Mahy et qui paraitra sur le site de Recours au Poème. L’écart qui existe. Olivier Vossot. Illustration de couverture de Pascaline Boura. Préface d’Albane Gellé Il est difficile d’évoquer ce recueil sans se reporter au précédent d’Olivier Vossot, et dont il est la prolongation quasi naturelle, en quelque sorte et en toute logique. J’avais d’ailleurs eu l’occasion de dire ailleurs tout le bien que j’en pensais et la certitude d’assister à l’affirmation d’une vraie voix. S’il existe une filiation entre L’écart qui existe et Personne ne s’éloigne, elle est certes à trouver dans la thématique, à savoir une correspondance mentale, intime, avec un disparu qui est toujours là, toujours plus près parce qu’en deçà du quotidien. Dans les brèches, les interstices, le blanc de la page, le noir de l’écriture. Les mots d’Olivier Vossot ne doivent rien au hasard. Ils sont pesés avec patience, triés sur le volet, non par souci d’esthétique, recherche d’effet ou de singularité sémantique mais parce qu’ils sont les seuls qui font surgir la réalité de l’absence en même temps que son irrémédiable pouvoir de résilience. Certes, l’absence est lisse, sourde mais elle prend corps au quotidien, tout simplement parce que quoi qu’on écrive ou pas, il est toujours question d’une lumière et que c’est en ce mystère que réside tout le sens de la vie humaine. S’adresser au mort pour parler aux vivants et se parler à soi-même. Laisser surgir, être à l’écoute. Des mots viennent dont on ne sort pas. C’est peut-être ainsi que la poésie s’accomplit, avec le silence des souvenirs comme une pierre chaude, / à l’intérieur. Olivier Vossot ne se dérobe pas à la quête initiatique qu’il s’est imposée de longue date, et le lecteur ne s’y trompe pas. Il reconnaît de page en page la recherche de l’équilibre, le fardeau d’un passé sans naissance qui est sans doute le sien, à lui aussi. Il ressent la morsure de jours noirs comme ce qui seul peut solidifier le temps et densifier l’espace. Une belle réussite pour l’auteur, qui confirme que sa voix est à l’unisson des poètes de l’intime et de la profondeur et qu’il puise en toute connaissance de cause aux sources de l’essentiel. © Christophe Mahy Pour découvrir ce recueil, passer commande, surfez sur https://www.dessertdelune.be/store/p894/L%27%C3%A9cart_qui_existe_%2F%2F_Olivier_Vossot.html Il peut aussi être commandé en librairie. ![]() L'écart qui existe. Olivier Vossot. Illustration de couverture Pascaline Boura. Préface Albane Gellé. Les Carnets du Dessert de Lune, collection Pleine Lune. ISBN : 9782390550020. 90 pages.14,00 € Albane Gellé, rappelle dans sa jolie préface que « Ce deuxième livre prolonge le premier, il est de nouveau adressé au grand-père... ». Comme je n’ai pas eu le plaisir de lire ce premier opus, je me suis réfugié dans les vers, tout de légèreté, de ce second recueil où j’ai trouvé : la douceur des sons, des mots, des sentiments, du rythme qui emmène le lecteur sur les traces du grand-père disparu, la tendresse du petit-fils pour son aïeul, la nostalgie du temps passé avec lui, la tristesse de l’avoir perdu et l’attente toujours présente, l’attente dans le passé de le retrouver et l’attente, peut-être, aussi aujourd’hui d’un impossible retour. En picorant dans les vers d’Olivier, j’ai essayé de retrouver ce grand-père craint et adulé. « ... / A huit ans j’ai su que j’avais peur de lui, de son mal être. / Chaque verre l’arrachait au même noyau de silence / ... » Ce grand-père tendre et aimant qui n’avait qu’un défaut : une inclinaison pour l’alcool « Tout l’alcool dilué / le changeait / ne changeait rien. / ... » « ... / Ce que nous attendions, elle et moi / n’était pas que l’alcool lui passe, ... » Ce grand-père disparu dont il ne reste que le souvenir, la tendresse, des images, des bribes de vie, des objets posés là, des odeurs. « ... / une attente, la vague odeur de médicaments / enfant, au milieu de regards dilués. / Lui n’est plus là, ne vient pas. / ... » « ... / Souvent tu me tiens dans tes bras, / je ne pèse pas lourd de vie. » Et il reste aussi, et surtout, les poèmes écrits dans sa jeunesse à lui, ses mots, son regard sur le monde qu’il habitait. « Il me reste tes poèmes, / le pincement des lettres, les contours flous du temps. / J’ai traversé l’âge que tu avais / quand tu écrivais les premières fois. / ... » « ... / Je ne sais plus / depuis ta mort le nombre d’années / ... » C’est comme un vide qui bée depuis que le grand-père est parti avec ses excès, ses vers, sa tendresse peut-être un peu rude, un monde qui se réduit autour des mots récurrents dans les poèmes de l’auteur : présence, absence, silence, attente, vent, temps qui passe ... tout ce qui construit un monde qui n’est plus mais qui vit toujours dans sa mémoire. « A présent ce qui dure / nous sépare. / ... ». Et des images bien ancrées dans ses souvenirs. « Il restait seul à la table / le poing contre la joue. / L’attente, ... », des images chargées des odeurs de la vieillesse : « Dans la pièce, l’air, l’odeur / font une peau aux souvenirs. / ... ». C’est un portrait d’une rare finesse, plein de tendresse et de sensibilité, qu’Olivier dresse de son grand-père avec lequel il semble, par-dessus les ans, partagé un amour et une passion pour la poésie, et peut-être, qu’à la fin des temps ils pourront joindre leurs mots en un même poème... « Nous n’avons plus l’un et l’autre / qu’à attendre sans nous voir/ que le silence qui couvre tout / sorte de nos bouches / ... ». Peut-être que « L’écart qui existe entre durer et tenir » n’est que cet espace de temps qui sépare les deux poètes qui se sont déjà réunis par les sentiments et les émotions que leurs mots transportent. Olivier a su à merveille alléger ses vers, les réduire à de simples traces d’émotion, de sensibilité, d’amour filial, tout en les laissant lourds des sentiment qu’il adresse à l’ancêtre adulé. Des poèmes qu’on a envie de relire juste après avoir refermé le recueil, tant ils sont beaux ! © Denis Billamboz in http://mesimpressionsdelecture.unblog.fr/2020/12/15/lecart- qui-existe-olivier-vossot/ ![]() L'écart qui existe. Olivier Vossot. Illustration de couverture Pascaline Boura. Préface Albane Gellé. Les Carnets du Dessert de Lune, collection Pleine Lune. ISBN : 9782390550020. 90 pages. 14,00 € Parole résolument infime Dans la suite de Personne ne s’éloigne, Olivier Vossot s’adresse une nouvelle fois à son grand-père pour souligner “l’écart qui existe entre durer et tenir”. Les pensées quant à elle s’effacent à force d’être piétinées. Mais l’auteur retient celles qu’il convient de garder pour ne pas se noyer. Il fait rejaillir le passé hors de l’anecdote. Ne reste qu’un bruissement d’épures au moment, où commençant (doucement, il n’a que 40 ans) à vieillir lui-même, il n’est plus qu’à soi. Mais ce grand-père le tient encore. Il a lesté son regard et apaisé ses cris.. Les poèmes deviennent des memorandums. Un transfert a lieu entre des eaux bouillonnantes et dormantes. Et si, parfois, il faut quitter la place, trouver le bon endroit n’est pas plus mal non plus. Le poème reste l’expression rhétorique de ce que nous ne pouvons autrement saisir. Vossot n’a d’autres ressources qu’en façonner le visage. Le corps va. Ou ne va pas. Mais le passé n’est en rien l’ami de la mélancolie, de la tristesse. Des nuages, le poète écarte les heures. La parole est résolument infime. C’est le geste en esquisse pour répondre au silence de l’aîné, de l’aïeul dont il augmente le possible. © Jean-paul gavard-perret in http://www.lelitteraire.com/?p=66109 Trois notes de lecture + une pour les 3 derniers titres en 2020 des Carnets du Dessert de Lune
Titres que vous pouvez découvrir et acquérir sur le site des éditions en allant sur ce lien : https://www.dessertdelune.be/store/c405/Nouveaut%C3%A9s.html ou que vous pouvez réservez chez votre libraire. Celle-ci est pour : "Ça, qui me poursuit". Sylvie Durbec. Couverture François Ridard. Préface Cécile Guivarch. Pour le psychanalyste, le « ça » est l’inconscient, le refoulé. Pour le linguiste, c’est ce qui n’a pas de mots pour le dire : « ça va ? ». En combinant les deux, ce recueil s’ouvre sur l’innommable, l’inconcevable, à commencer bien sûr, par la mort, celle de l’oiseau dont « on ne sait pas » le nom, du grand-père dont on ne comprend pas les derniers mots écrits. L’auteure constate : « parfois je peux inventer / tout un monde / parfois je ne peux pas / pas même / un / tout petit » Et pourtant, « ça » me poursuit. C’est. Alors ? Alors commence l’aventure, l’épreuve, du poète : dire coûte que coûte. Par le seul pouvoir des mots, susciter la mer « qui n’existe pas » dans une bassine en plastique. Par le pouvoir d’un mot, « donc », envisager, regarder en face la mère et ses fils devenus assassins, « ça » qui est issu de moi. Et l’exemple choisi, ce fils au nom de Djokhar qu’on entend joker, comme la carte, vaut pour tous les fils, et pour toutes les mères. « On reste sans voix ». La phrase crachote comme une vieille bagnole qui refuse de démarrer, des points intempestifs en soulignent l’échec. Des fils, il y en a des milliers aussi au fond de l’océan et leurs mères sont « sans nom à murmurer, sans corps à bercer ». Et quand un mot apparaît, « riblon », il paraît inutile, déchet de fer : « Que peut faire la poésie avec ça ? » On ne choisit pas son monde, ses mots, il faut faire avec, avec la polysémie de la « grève », les glissements l’épaule / les pôles, ou ce « patrimoine » qui devient « patrimoelle » et s’apercevoir que tout fait sens, que la poésie est peut-être justement dans le non-sens de la vie, dans ce qui ne peut se dire, qui devient formule mathématique, preuve par neuf (toujours le « donc » initial). Le salut viendra peut-être d’ailleurs, des mots d’ailleurs, anglais, portugais par lesquels « la chaise cassée / donne la légèreté qui manquait / à la femme qui écrit ». Par le détour de l’autre « ça qui sauvage devant […] tout ça loin puis proche à nous toucher » peut peut-être s’apprivoiser, être ingéré, et même si la poésie « souvent se tait quand tous crient », si les filles sont « désarçonnées », il se peut aussi, tout à la fin du livre, que la barrière (de la langue ?) sourie à l’enfant car « ça, qui nous poursuit nous tient encore en vie ». Il n’est d’autre choix que d’écrire le monde. Alain Kewes (Décharge 188) Celle-ci est pour : "ultima prova d'orchestra". Michaël Glück. Couverture de Pascaline Boura. "Ce poète à l'humour rosse et noir écrit en temps de « pandémie » des textes qui tiennent de la pensée profonde, de l'aphorisme ciselé, de la notice de dictionnaire, du rappel historique, entre ferveur musicale, désir lexicologique et humeur sautillante. Lisons : Je connais les paroles mais j'ai oublié la musique. Trop de glissandi dans la musique russe ! Il y a tant de skis. La joueuse de castagnettes n'aime pas la crème de marrons. Oui, la musique entraîne nombre de propositions qui tranchent, sèment sur la page des rencontres insolites comme si le dictionnaire avait commencé à s'effriter et à mêler ses pages. En deux ou phrases ou vers, le poète s'interroge, s'étonne, croise, définit, appose, oppose, décline ses ferveurs, ses doutes : Quand le chef lève la baguette, il faut ranger ton casse-croûte. « Jusqu'au dernier soupir pointé », Gluck aura servi la musique et autant la poésie loufoque, harmonique et déréglée que lève la créativité inassouvie." © Philippe Leuckx Celle-ci est pour : "L'écart qui existe". Olivier Vossot. Couverture Pascaline Boura. Préface Albane Gellé. Un livre de deuil, remarquablement écrit. D'une densité admirable dans l'expression du chagrin éprouvé par le poète pour le proche disparu, regretté. Dans une langue sobre qui confère au texte son émotion vraie, le poète consigne passé et présent, présence de l'être cher, des lieux de vie, les silences, les moments forts. De belles images composent l'hommage intime : En moi le noyau pleure patiemment ... Le mur tout près s'imprégnait de soir, de reflets crus. ... La solitude qu'il a bue est la mienne, ... C'était un autre silence, un autre temps, l'écart qui existe entre durer et tenir. Ce poète de quarante ans, dont c'est le deuxième livre, réussit à égrener en textes fins, économes, tout le travail de deuil qu'il lui a fallu. Rien de gratuit, ici. Pas un mot de trop. Pas un vers de trop. La langue assigne à l'émotion juste sa juste place Oui, « on ne peut que se souvenir » ; il ne reste que cela, et quand la mémoire prend ces allures de « tombeau » magistral, on se dit que la littérature fait son office. Dans la pièce, l'air, l'odeur font une peau aux souvenirs. Ce poète hypersensible et doué ira loin. © Philippe Leuckx * Celle-ci est pour : "ultima prova d'orchestra". Michaël Glück. Couverture de Pascaline Boura. Avec ce troisième opus, l’auteur semble avoir bouclé son opéra. Rien que des réflexions sur la musique essentiellement classique mais pas que. On y trouve de très bons jeux de mots sur un sujet peu évident. Ceux et celles qui ne jurent que par le rapipop et la K-pop n’y comprendront pas grand-chose mais comme ils ne lisent pas… © Eric Dejaeger
Il fallait bien qu'elle cesse ici un jour, mais qu'elle continue en 2021 sous d'autres cieux cette "aventure d'une utopie, cette utopie d'une aventure éditoriale" commencée en 1995 avec la publication de "Carnet d'un cinéphile assis sur l'horizon" d'Antonello Palumbo. 25 ans plus tard quoi de plus naturel que d'y accueillir un nouvel auteur Olivier Vossot rencontré en février lors du marché de la Poésie jeunesse de Tinqueux grâce à Albane Gellé. Aujourd'hui je vous propose de découvrir son second recueil "L'écart qui existe".
L'artiste Pascaline Boura en a illustré la couverture avec une de ses créations (Nouvelle danse du fusain) Albane Gellé en a écrit la préface. Ce titre qui paraîtra dans quelques jours dans la collection Pleine Lune sera accompagné du 50e et ultime titre de la collection Dessert, "Le Sonneur de Polička" concocté par le fidèle Pascal Blondiau. Il vous sera offert à l'achat de "L'écart qui existe".
Avant parution, ils peuvent être consultés sur le site des éditions et précommandés.
Les nouveautés "L'écart qui existe" pourra être acquis en librairie à partir du 23 novembre. Vous avez, d'une façon ou d'une autre, soutenu les éditions toutes ces années et ce soutien fut celui qui permit années après années de partager avec vous mes choix d'éditeur. Il me plairait que cette fois-ci encore ce choix se partage et que vous fassiez honneur à ces publications. En 2021, j'espère que vous serez encore attentifs aux prochaines parutions des Dessert de Lune que vous proposera la maison de la poésie de Normandie et La Factorie. Très cordialement à toutes et tous. ![]() Sylvie Durbec - Ça, qui me poursuit. Couverture François Ridard. Préface Cécile Guivarch. 80 pages. 14 x 20 cm. Editions Les Carnets du Dessert de Lune. Collection Pleine Lune. Octobre 2020. ISBN 9782390550006. 13 € Dans ce recueil Sylvie Durbec propose une poésie très libre où les vers ne sont parfois qu’un seul et unique mot. Pendant ma lecture, j’ai eu l’impression, mais je peux me tromper, que sa plume suivait le cheminement de sa pensée qu’elle matérialisait par quelques mots, une phrase complète, quelques phrases très courtes, même un seul mot ou une suite de mots séparés par un point, qu’elle déposait sur la feuille les mots ou le mot unique qui pouvait exprimer son sentiment, ses impressions, ses réflexions, ses réactions devant la situation qu’elle décrivait. Ainsi ses vers semblent suivre le cheminement de sa pensée en la ponctuant de mots ou expressions sensations, émotions, idées, interrogations, négations, refus… Elle décrit un paysage qui semble le sien, le monde dans lequel elle vit, les petites choses de la vie mais aussi les nouvelles du monde qui viennent percuter la quiétude de son milieu. Elle n’est plus toute jeune, elle a déjà un fils de son fils qui interroge les étoiles. « L’étoile solitaire, a dit l’enfant, fils de mon fils / Le plus âgé, aura bientôt de la compagnie /Et nous avons levé les yeux. » Cet enfant est source de bonheur et de joie mais il est aussi questionnement sur la progéniture, sur les chemins que les enfants empruntent. Les actualités nourrissent une forme d’inquiétude sur le devenir de ces enfants lorsqu’ils deviennent des fils, des grands frères. « Avoir des fils. / Qui sont frères. / Et se demander. // Se demander ? / Oui, s’interroger sur ces fratries prêtes à / Mourir ensemble. » Même le pire meurtrier a été un enfant et reste un fils, un petit-fils, peut-être un frère, un petit frère affectueux, un grand frère attentionné. Et, il est à jamais « un enfant de Dieu » comme Cormac McCarthy l’a écrit dans son célèbre roman. Alors, pour la mère ou la grand-mère, il reste la culpabilité d’avoir enfanté un fils meurtrier. « Qu’a pu comprendre la mère des tueurs ? / Figée dans le déni. » « Mère de fils. / Donner la vie à qui donne la mort ? / Vraiment ? » L’enfant est au cœur de ce recueil mais il n’est pas le seul sujet, il y a aussi d’autres personnages de passage : Le Marseillais, l’ami anglais, Claude-Aziz, le brave paysan qui ne sent pas encore sa mort prochaine : « … / Retourné dans la salle d’attente / à sourire / ce qu’il espère / est déjà sous terre » C’est son monde que Sylvie décrit avec des mots comme des coups de pinceaux que l’artiste dépose sur la toile, des mots lumineux pour représenter les enfants et, sur les bords du tableau, des personnages, des paysages, des petites choses qui pourraient paraître insignifiantes mais qui font partie de son univers, de son quotidien, de ses préoccupations… © Denis Billamboz, novembre 2020 in http://mesimpressionsdelecture.unblog.fr/2020/11/10/ca-qui-me-poursuit/ ![]() C'est paru sur le site de Terre à Ciel Vers Valparaiso, de Perrine Le Querrec, Les Carnets du Dessert de Lune, 102 p., 16 €, 2020 Si c’était à refaire je renaîtrais carte postale d’un val paradisiaque entre mer et monts, me frotterais d’une anaphore frontale à l’amer de ces monts, d’un aval où l’âme erre je créerais mon amont. Je renaîtrais volontiers Perrine Le Querrec dont le « monde grouille de pluriels abandonnés ». Il est quelque part entre mer et montagne un pur mon mien, comme on est deux parfois où l’on tue toi & moi, un son sienne terre, terre, dit Colomb. Valparaiso est à portée de langue ce vallon édénique en bord de père & mère qu’Agnès Rouzier nomme le nul part et Jarry la Pologne. Comme il y eut une Critique de la raison pure, ici en ses avatars selon l’influx prose ou vers est le poème de la pure écriture, l’intime soi vécu comme un concentré excentré d’exotisme heureux. Il n’est pas La chair est triste, hélas ! et j’ai lu tous les livres, cette Brise marine amarrée prise pour bateau ivre, plutôt une invitation au voyage, explosante fixe, celui de l’écriture seule dévalant des pentes linguales : « La balle qui dévale vers la mer. La pluie qui rigole dans ton dédale » – rigoler pas une licence poétique pour qui lit sens, celui de l’âme arche. « Elle travaille sur plusieurs pages à la fois / Elle atteint le sommet du bonheur. // Tous les jours à ma table avec les larmes aux yeux. » Nuits d’insomnie à écrire « les narines pleines d’urine » ; « le souffle contenu puis répandu » : à mots positionnés large, une générosité gonflant la phrase comme une voile. Des « humeur[s] » qui nous sont familières : « On ne vous dérange pas si on s‘assied auprès de vous ? […] / totalement vous me dérangez jusqu’aux entrailles vous vos voix vos commentaires bruits m’empêchent vous m’empêchez de respirer de penser d’écrire. » L’exclusivité scripturale laisse jour toutefois à quelques images, photographies ou montages démontages photographiques, questions insolubles abruptes résolues d’à pic, métaphores resserrant encore la métaphore : celle de couverture répondant au poème en quatrième (« Tes secousses les engloutissements les effondrements » d’un éden aux vagues stylisées) ; un œil perçant sa fenêtre dans un rectangle noir, en fond de l’œil une grande maison bascule comme un regard ; une colonne ligneuse de cônes épointés tête-bêche se découpant en premier plan d’une haute roche comme on plante une aiguille. « Courbée sous mes ratages / Dans le vide, laisser croître le beau / Dans le beau, laisser croître le vide » Je reviens à cette quatrième de couverture déployant, convulsant tout le livre, et dont le poème s’élève comme son moment cardinal, son final en boucle : l’épistrophe anaphore « sinueuse et secrète », tenace comme un Je vous salue Marie d’athée, du « on dit » ou « on murmure » initial jusqu’au « porter ton nom » martelée comme une prière ou un Christ. Happé d’entrée par sa musique, j’en extrais encore « On dit que tes flancs à découvert montrent la pauvreté comme la beauté je voudrais porter ton nom », hommage à une baudelairienne mendiante rousse. Retourné dans l’ouvrage, se frotter à ses butées de « matière noire ». S’ouvrir à « l’éclosion des roses noires l’érosion des roches noires l’évasion des cloches noires ». Retrouver dans « Des gestes mis en boucle dans des mots mis en boucle dans ma bouche mise en bouche » d’œnologue du verbe le martèlement de paronomases en trépidation de Ghérasim Luca. Qu’un seul vers, « La nuit tombe par les trous de tes yeux », aussi bref que bulle ou rescrit, balaye le branlebas d’ismes des « philosophes ». De sommations en défis une poésie de cartels ronge son armure en sabbat singulier. Rarement en poésie contemporaine l’invention formelle n’émane autant sans détours à mille tours d’une blessure ouverte. Investie surinvestie la langue, de ses pics et crevasses déchargé le lest sur le ballast. En quelques dimensions inconnues à nos sens l’insomnie appelant une syntaxe du rêve. Poésie du vécu, lequel piaffe derrière les mots, voire devant – introspectif aussi. À bras, à branle-bas le corps. La poésie dans son cornet (où le corps naît, ou né se meurt, revit) qui les secoue plutôt que d’uniment narrer la vie – inscrit dévoie sur le roman un avantage majeur : ses dés pipés, de grand hasard peuvent au matin clairet tirer une quinte flush. © Christophe Stolowicki in Terre à ciel, novembre 2020
de la collection Sur La Lune :
de la collection Pleine Lune :
de la collection Laluneestlà :
de la collection Pousse-Café :
de la collection Dessert à l'italienne
de la collection Pièces Montées :
Et bien sûr d'autres titres qui n'auraient pu être exposés par manque de place mais que vous pouvez consulter dans les différentes collections. Ah, au passage, jetez aussi un coup d'oeil ici :
![]() Une note de lecture sur le blog de Recoursaupoeme, signée Philippe Thireau à propos du nouveau recueil de Perrine Le Querrec "Vers Valparaiso" publié aux Editions Les Carnets du Dessert de Lune, c'est à lire ci-dessous « Et nous irons à Valparaiso où d’autres laisseront leur peau. » Ce vers de la très belle chanson de marins Nous irons à Valparaiso n’apparait pas dans l’ouvrage haletant de Perrine Le Querrec ; le nom même de Valparaiso est ignoré. Seul le titre témoigne de la quête. C’est un livre sur l’écriture, l’acte d’écrire, l’art de penser l’écriture – de se perdre définitivement sans mourir dans l’écriture. On pense l’écriture avec toutes les ressources extérieures au geste et avec celles que recèlent le corps de l’écrivain et sa pensée. Mais la musique, le chant, si bien portés par Marc Ogeret en son temps et par le capitaine Haddock dérivant dans l’espace dans On a marché sur la Lune, la petite musique de la lente dérive de l’écrivain vers Valparaiso, le port ultime de la pensée totale, cette petite musique hante les pages de l’ouvrage : et ho-hisse et ho ! Les ressources extérieures sont multiples : des plus petits objets, les grains du sol, l'orange, aux plus imposants, les toits des usines... La ressource intérieure est infinie et mêlée intimement à l'environnement ; l'éthologie n'est pas absente non plus des ressources de l'écrivain. Les bêtes écrivent aussi dans sa tête aux milliers d’yeux : des animaux à vouvoyer là où l’humain… note Le Querrec, ou encore un poulet à gagner des visages avides. L’image d’un singe sur l’épaule, comme celui du général Pichegru, reclus en Guyane à la fin du XIXème siècle : un ouistiti, le plus sûr compagnon de son Journal. Toutes les ressources de la symbolique, de la métaphore sont engagées durement par l’artiste. L’écrivain est un artiste, c’est le pari de Perrine Le Querrec. Il n’est pas celui qui raconte une histoire forcément attachée à l’actualité et ainsi liée au monde du commerce et de la rentabilité immédiate du livre. L’art est au-dessus de cette position. Le titre d’abord : la première page intitulée Titre de Vers Valparaiso cache Valparaiso pour mieux le dévoiler dans les arcanes de la pensée ; le développement en boucle reviendra par La Fin (dernière page) au début, soit au Titre, grâce à ce Jamais jamais plus nue que nue dans la salle des nus jamais jamais. Ainsi le titre est nu, jamais prononcé il ne sera. Mais toujours sera porté par la petite musique des voies et voix explorées. Revenons, juste le temps d’une phrase, à l’intime, à la ressource intérieure : elle dit, Perrine Le Querrec, sur le chemin de Valparaiso, les lèvres flottent autour des mots, ou encore, je suis enceinte des livres. On soupçonne des grossesses pathologiques. Il faut aller jusqu’au noir […] le monde n’arrête pas de tomber. Il est temps de déshabiller le cheval. Formule extraordinaire, qui dit plus qu’un roman. Déshabillons-le ce cheval d’envie. L’acte d’écrire se meut dans ces entrelacs mais il ne s’y résout pas. Cheval déshabillé, écriture déshabillée, acte majeur et souverain. Loin de l’industrie littéraire qui « répond » à la demande supposée des lecteurs et qui, en fait, assèche l’écriture en la réduisant à un simple moyen de raconter des histoires sans qu’il soit besoin de penser, surtout pas, Perrine Le Querrec renoue avec l’écriture magique, vectrice du chant venu des profondeurs, de l’ancien. Comment ? En bannissant une ponctuation régulière trop écrite et banalisant le sens, elle œuvre pour l’émergence d’une littérature cherchant l’empreinte pure, et propose au lecteur plus un travail qu’une lecture. Mais un travail réjouissant, poétique, à l’école de tous les dieux accompagnant le naturel – sous le regard de Baruch de Spinoza ; pourquoi là une virgule et pas ici (point ici sèmerai le trouble) ? Parce que. Parce qu’il faut cesser de se raconter des histoires convenues, il faut désapprendre à être trop raisonnable et enfermé dans la boite à quatre coins qu’on appelle livre marchandé, normé ; la ponctuation arrachée à sa norme soulève le livre, le « machine » à l’envers, en fait une arme à penser ce qui n’est pas écrit mais possible. Lisons et écoutons cette musique : En rond Tourne en rond Tourne mes pages en rond Je tourne en rond mes pages Mets en pièce et reconstruit l’univers La phrase se recourbe et enroule ses tourbillons parfaits Son rythme me noie, me dévoile me noie, insatiable inlassable Emportée par le courant de la raison, si j’aspire une grande bouffée de mots survivrais-je ? Me dévoile me noie… mis en exergue entre deux rares virgules… au loin se devinent les lumières du port de Valparaiso. © Philippe Thireau in https://www.recoursaupoeme.fr/perrine-le-querrec-vers-valparaiso/ En octobre paraîtront deux nouveautés aux Carnets du Dessert de Lune, nouveautés dont vous avez déjà vu les visuels de couverture et qui seront, probablement, les dernières pour moi à la barre des éditions avant de passer la main à une nouvelle équipe en 2021.
"Ça, qui me poursuit" de Sylvie Durbec, couverture de François Ridard, préface de Cécile Guivarch dans la collection Pleine Lune. "ultima prova d'orchestra" de Michaël Glück, couverture de Pascaline Boura dans la collection Pousse-Café. Ces deux titres peuvent être consultés sur le site des éditions à cette adresse. Au bas de la fiche de chaque livre, en cliquant sur le bouton HOP ! UN EXTRAIT, vous pourrez télécharger des extraits. Du 17 septembre au 4 octobre 2020, je vous propose de les précommander sur le site des éditions et de profiter d'une remise de 2 € pour chacun de ces deux titres. Pour se faire il vous suffira, au moment de finaliser votre commande d'ajouter le code promo deuxeuros. Comme d'habitude les envois seront franco de port. Malgré les temps difficiles, j'ose espérer que vous réserverez un bon accueil à ces deux livres.
Les dernières notes de lecture de Denis Billamboz pour les volumes III et IV de la tétralogie de Daniel Fano. Pour lire les 4 notes de lecture rendez-vous sur La Tétralogie et cliquez en bas de la fiche sur le bouton Presse-Lit-on.
Du tirage de 48 ex numérotés, il reste les exemplaires N°34 à 48. Sont disponibles sur la boutique en ligne des éditions : La Tétralogie. Envoi franco de port. Daniel FANO : La Tétralogie (Les Carnets du Dessert de Lune éd., 2020), 4 volumes de 106, 120, 116 et 160 pages. Illustrations des couvertures de Graziella Federico. Avec un supplément de 24 pages en tirage limité de J.F. Octave , 60 euros l’ensemble sous coffret. Une fin dans les violences absurdes Tétralogie - Tome IV. Daniel Fano. Ce titre constitue le quatrième et donc dernier opus de la tétralogie que Daniel Fano voulait publier sous la forme d’un coffret, ses amis réunis autour de son éditeur, Les carnets du dessert de lune, ont réalisé ce vœu sous la forme d’un hommage posthume. Ce texte est, comme les trois précédents, une sorte de gigantesque puzzle où se mêlent tout ce qui constitue la culture populaire en allant du cinéma, à la chanson, en passant par la littérature, la mode, …, et tout ce qui agite le monde : les conflits armés ou politiques, les querelles géopolitiques, confessionnelles ou idéologiques, …. Et pour relier toutes les pièces de ce puzzle, Daniel Fano retrouve ses personnages fictifs récurrents : Monsieur Typhus, Double A, Rosetta Stone, Rita Remington, Inspecteur et Typhus, …, tous toujours aussi sadiques et cyniques, régleurs de comptes définitifs. Dans ce dernier tome, il m’a semblé que Daniel s’approchait un peu plus de l’actualité, un peu plus des faits réels en en dévoilant même certains qui n’ont jamais été réellement médiatisés. Il explore le dessous des événements, des affaires, des faits divers ou même des grands conflits car il n’a aucune confiance dans les médias, notamment dans la télévision qu’il accuse de déformer l’information. « Je dis toujours que l’obscénité véritable a pour origine le traitement de l’information à la télévision…. La télévision fait tout ce qu’il faut pour empêcher le public de savoir que le Mal est incarné essentiellement par tous ceux qui essaient de nuire à la création artistique ». Cet opus, c’est aussi la conclusion de la tétralogie, ce qu’il retire de tout le travail qu’il a effectué pour en écrire les quatre tomes. On sent qu’il voudrait convaincre ses lecteurs qu’on leur raconte souvent des bobards, qu’ils sont trop, beaucoup trop, crédules, qu’ils se laissent trop facilement enfumer. « Tous toujours prêts à se laisser convaincre de n’importe quoi par n’importe qui ». Ce n’est pas la réalité qui fait l’actualité, écrit l’histoire, dispense la gloire et la renommée. « Vrai ou faux ? / peu importe : ce qui compte, c’est la légende, ce qu’on racontera de lui quand il ne sera plus de ce monde ». Daniel nous ne t’avons pas oublié et nous écrirons ta légende avec les mots que tu nous as laissés. Et Daniel, il était aussi un peu devin, il pensait peut-être déjà à notre actualités quand il écrivait : « La Peste allait bientôt combler son retard sur la Famine, la Guerre et la Mort ». Reste bienveillant en ton paradis des écrivains et veille sur notre sort bien incertain. Ce tome c’est aussi la fin de son aventure dans cette tétralogie, il règle le sort de ses personnages fictifs pour qu’ils ne réapparaissent pas dans un autre texte, mais pas n’importe comment, quand il écrivait ces lignes, j’ai eu le sentiment qu’il pensait déjà à sa propre mort, à celle qu’il voudrait avoir le moment venu, hélas venu trop vite, une mort dans la dignité et l’acceptation. « Il voulait maintenant arriver à mourir de façon à ce que ce ne soit pas trop « déjà-vu », qu’il y ait de la fantaisie, une singularité. Comme entrer dans la solitude, non pas en amateur, mais le masque souriant ». On dirait déjà un écrit testamentaire mais il l’a rédigé plus de dix ans avant sa propre mort. La vie est un cheval mort vient après : - L’année de la dernière chance - Le privilège du fou - Sur les ruines de l’Europe. © Denis Billamboz http://www.critiqueslibres.com/i.php/vcrit/58326 Tétralogie - tome III. Daniel Fano. En commençant ce troisième opus de sa tétralogie, Daniel Fano pensait peut-être au célèbre poème de François Villon : « La ballade des pendus ». Je n’ai pas pu éluder cette éventualité en lisant cet extrait : « … il s’est arrêté sous la potence, et le bourreau lui a passé la corde au cou … Il s’est appelé Ribbentrop, Rosenberg, Jodl, Keitel, Kalten-brunner, Frick, Frank, Steicher, Sauckel, Seys-Inquart». Comment introduire plus judicieusement un texte qui s’intitule « Sur les ruines de l’Europe » qu’en rappelant le sort de ceux qui sont parmi les pires fripouilles, les premiers responsables, de l’indicible horreur qui a déchirée l’Europe, les pires horreurs jamais perpétrées au cours des siècles. C’est sur les ruines de cette Europe que Daniel Fano a construit son texte, en évoquant la bataille de Stalingrad, la destruction de Dresde et bien d’autres malheurs qui ont déchiqueté l’Europe et le monde pendant et après la guerre et même au début du nouveau millénaire. Comme dans ces autres opus Daniel collectionne ces événements en les mêlant avec des fictions, films, romans, des faits divers plus ou moins mémorables, des catastrophes naturelles ou humanitaires plus ou moins dépendantes de la volonté et de la négligence des hommes, des événements politiques ou géopolitiques, tout de ce qui constitue et agite le monde et ses occupants. On rencontre aussi dans son texte, les héros qu’il balade d’un livre à l’autres, ses célèbres héros sadiques, cyniques et sanguinaires. Je ferais bien mienne cette citation que j’ai lu dans la présentation d’un autre ouvrage de Daniel Fano : « non content de passer les clichés du roman d’espionnage à la moulinette, l’auteur entraîne ses personnages vers leur devenir-machine, ils ne vont plus tarder à entrer dans la post-humanité ». Je partage volontiers cette interprétation même si, quelques mois avant sa mort, Daniel me confiait lors d’un échange de courriels qu’il ne se considérait pas comme un destructeur, il voulait simplement exposer, dénoncer, tous les travers véhiculés par les médias diffusant la culture populaire. Sur fond des airs musicaux qui ont bercé notre jeunesse, même si pour la plupart d’entre eux ils n’étaient pas particulièrement adaptés à ce genre musical, il a écrit un texte qui sonne comme un vieux rock n’roll avec des mots qui swinguent, qui claquent, qui hurlent, qui chantent dans des phrases courtes, percutantes, vibrantes comme les vers des refrains de ces fameux tubes qui ont fait danser notre jeunesses sur un rythme haletant. Dans ces textes très modernes, gavés de noms propres qui claquent comme des rafales de kalachnikov, pétaradent comme les moteurs des énormes tires américaines, Daniel Fano exprime son inquiétude devant le monde que nous croyons connaître, que nous croyons comprendre. Et pourtant, « Les choses ne sont pas ce qu’elles paraissent : il y a un décalage entre ce qu’elles sont vraiment et comment elles sont perçues ». Lisons attentivement le message de Daniel, dans les quatre tomes, il comporte certainement des éléments de réponse aux questions soulevées par les diverses crises que nous connaissons actuellement. - L’année de la dernière chance - Le privilège du fou - Sur les ruines de l’Europe - La vie est un cheval mort. © Denis Billamboz http://www.critiqueslibres.com/i.php/vcrit/58126 A lire une nouvelle note de lecture signée Christophe Stolowicki
à propos de Sans Abuelo Petite de Cécile Guivarch et Jérome Pergolesi. Pour lire cette note (et d'autres) cliquez sur Sans Abuelo Petite puis sur le bouton PRESSE LIT-ON (en bas de la fiche du livre). C'est reparti. La saison des expositions du Hangar recommence!
Pour redémarrer, nous aurons le plaisir de recevoir l'artiste liégeois Yves Budin. "L’illustrateur liégeois Yves Budin expose ses dernières créations : vagabonds lunaires, outlaws, déserts solitaires, artistes crépusculaires, musicos solaires, femmes libres, ...des personnages paumés dans la syphilisation, la toxi-cité, et d’autres savourant une vie gorgée de simplicité." Le vernissage aura lieu le jeudi 23 juillet dès 18h00. L'exposition sera accessible du 24 juillet au 8 août, les mercredis et jeudis de 16h30 à 19h30, ainsi que dans le cadre des Dimanches du Hangar, pour ceux qui ont leurs places. Il est également possible de prévoir un rendez-vous pour une visite de l'exposition par sms au 0472 74 46 80. Et si vous êtes du côté de Sète, n'oubliez pas de rendre visite à Yves Artufel aux Voix Vives de la Méditerranée. Il y est jusqu'au 25 juillet où il expose ses éditions Gros textes et quelques livres des éditions Les Carnets du Dessert de Lune.
Du 18 au 25 juillet, Les éditions Les Carnets du Dessert de Lune seront exposés sur le stand des éditions Gros textes et représentées par Yves Artufel.
www.sete.voixvivesmediterranee.com/ Vous y trouverez les plus récentes parutions ainsi que d'autres titres dans les diverses collections. Vous n'avez pu les acquérir au marché de la poésie de St-Sulpice en juin pour les raisons que vous savez, alors passez par Sète et laissez vous tenter.
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